UNDER THE SUNROUGE FEUL'univers crépite à ses oreilles. Ses yeux, sa conscience, lentement, papillonnent. Sa vision brouillée ne lui laisse que formes et fumée. L'enclume dans son crâne l'attache au sol. Plaqué sur le ventre, l'apesanteur le presse et l'écrase. Ses doigts rampent à l'aveugle. L'odeur de la combustion manque de le faire défaillir à nouveau. Soudain, un hurlement. Longtemps, il résonne. «
Cendre » mime ses lèvres. Péniblement, il soulève sa carcasse. L'effort fait tanguer le salon enflammé. L'évanouissement le guette. Il secoue la tête pour s'en défaire. La chaleur l'oppresse. Il sue, suffoque, happe l'air comme il peut. A ses pieds : un briquet. L'information ramène à son esprit la genèse de la situation. Nouvel hurlement.
Il se traine jusqu'à l'étage, évitant les poutres et les meubles incendiés. Quelques uns s'écroulent à son passage. L'apocalypse est devant lui. Courbé par la culpabilité et la crainte, il pénètre dans la chambre. Elle sanglote, gémit, la tête enfouit dans son bras. Couchée sur le sol, son corps est prisonnier d'une armoire dévorée par les flammes. Il accourt, s'agenouille près d'elle. Elle supplie, le maudit. La fureur balance sa main jusqu'à sa joue. Un ongle l'entaille. Puis, comprenant que son assassin est son unique secours, elle se confond en excuses. Il tente de la dégager. A peine les a t-il posés sur le bois que ses mains brûlent. Il les retire, cherche un autre moyen. Son regard se jette sur les alentours. Rien. Elle hurle. Un cri déchirant. Un cri de douleur. Le feu a creusé le mobilier et trouvé la chair de son dos. Derechef, il empoigne le poids, le soulève. Il bascule. Elle s'évanouit. Lui, vacille et tombe.
BLANC LAITEUXUn cauchemar. Il se soulève. Plantées dans ses bras, perfusions et intraveineuses sautent. Deux mains poussent ses épaules en arrière. Une voix, posément, lui demande de se recoucher. D'un regard, il embrasse la chambre d'hôpital.
«
Cendre ? » Un mot. A peine. Sa voix s'étrangle, brisée. Il tousse.
Derechef, on l'invite à s'immobiliser. Des yeux compatissants, un sourire navré, font office de réponse. La Morphine s'allie à Morphée. Il replonge.
CLAIR OBSCUR«
Piscine, ça vous tente ? » propose gaiement leur amie.
Enthousiaste, elle joint ses mains sur sa poitrine.
Lui, fixe le sol. Elle, se tourne de son coté. Son silence l'oblige à répondre.
«
Sans moi. Mais vas-y Épiphane. Tu adores nager. » claque sa langue. Son coude s'enfonce dans l'avant-bras du pyromane. Les remarques sont acides, acerbes. Il serre les poings, lance un regard suppliant. Rien. Aucune compassion dans ses yeux. Juste un profond ressentiment, une haine démesurée et tenace.
«
Je vous laisse préparer le voyage. » Elle saute du lit, se sauve.
Il se refuse à la voir partir. Il craint trop de tomber sur son dos. Brûlé.
BLEU AZUREL'amie à un nom : Belle. Il aime baiser ses lèvres. Leur nez se touchent. Ils échangent leur souffle. Délicieuse sensation. Elle attrape son col, l'entraine sur le lit. Ses mains glissent sur ses épaules, sur son dos. Ses doigts se faufilent sous sa chemise, caressent sa chair. Elle le charme, rit, l'embrasse et pince sa bouche.
La porte s'ouvre. Dans la commissure, un regard azuré, une crinière blonde. Cendre. Elle s'arrête. La surprise passée, ses sourcils se froncent. Elle claque, violemment, la porte.
«
Cendre ! » crient-ils à l'unisson.
«
Elle m'en veut s'est sûre. » gémit Belle en plaquant cachant son visage dans ses mains.
Il saute du lit, part à sa poursuite. Elle est en bas des escaliers. Il les dévale, l'attrape par le poignet.
«
Lâche-moi ! » dit-elle en se débattant. «
Ou je hurle ! »
Elle tente de le griffer. Il retient ses élans d'agressivité comme il peut. A sa fureur se mêle quelques larmes.
«
Mais arrête bon sang ! »
«
Lâche-moi ! »
«
Pourquoi tu t'énerves comme ça ? »
«
Parce que c'est comme ça qu'on traite un criminel ! »
Les mots le blessent. Encore. Pourtant, cette fois, il ne lâche pas prise.
«
Il faudra bien que tu me pardonnes un jour. »
«
Oui. Quand tu seras mort. »
Elle s'effondre, pleure à chaudes larmes à présent. Il la relâche et, sort.
UN BLEU AU COEUR«
Tu veux te faire pardonner ? »
«
Oui. »
Elle se hisse sur la pointe des pieds, l'embrasse.
«
Ne vois plus que moi. »
NB : C'est une passion sans commune mesure. Entre eux, c'est charnel et luxurieux. Basée sur la culpabilité et la haine, leur relation a des racines profondes.
Sur le lit, elles s'esclaffent. Les discussion futiles les animent, agitent leurs bras, écarquillent leurs yeux. L'une saute au sol, vole jusqu'à l'armoire, l'ouvre, décroche un cintre sur lequel pend une robe légère.
«
Qu'est-ce que t'en penses ? » demande Cendre en la plaquant sous son cou. Ses jambes, coquettement, se penchent à gauche, à droite, tournent.
«
Superbe. Mais... » commence Belle. Elle la rejoint, s'empare de l'étoffe. «
Elle mirait beaucoup mieux ! »
Sur ces mots, elle se sauve. Dans sa course, elle brandit triomphalement le linge au dessus de sa tête. Cendre se lance à sa poursuite. La voleuse entre dans le dressing. La porte se referme sur sa poursuiveuse.
«
Belle, ouvre. » chantonne t-elle en retenant un fou rire.
Aucune réponse.
«
Belle ? » répète t-elle en frappant.
La porte s'ouvre sur la femme vêtue de la précieuse robe.
«
Elle est parfaite ! » s'exclame t-elle en se mettant face au grand miroir à coté du lit. Pour l'admirer sous toutes les coutures, elle se dandine.
«
Elle te sied à merveille. » dut bien avouer Cendre.
«
Oh ! Prête-la moi ! » supplie Belle, les mains jointes sur sa poitrine. «
Je la porterai au lycée demain et te la rendrai en fin de journée. »
Cendre, soupire.
«
Oh ! Allez ! » gémit son amie.
«
D'accord. Mais ne l'abime pas hein. Je voudrais la mettre ce week-end. »
Elle lui saute dans les bras et l'accable de « merci ». Sur sa joue, elle y dépose un baiser.
La porte d'entée claque. Elles l'entendent.
«
Je reviens ! » glisse Belle en détalant.
«
Attends ! » soupire Cendre en s'élançant derrière elle. A nouveau souris et chat, elles dévalent le couloir et les escaliers. Mains croisées dans le dos, Belle se plante devant Épiphane, fraîchement arrivé.
«
De quoi j'ai l'air ? » demande t-elle avec entrain. Devant lui, elle irradie.
Cendre a perdu son sourire pour une mine réprobatrice et revêche.
«
Superbe. » commente l'adolescent. «
Cette robe te va à ravir. »
Flattée, au borde l'euphorie, elle baise sa joue. Il paraît déstabilisé, se racle la gorge, prétexte un rendez-vous et se sauve.
«
Si tu veux qu'on reste amie, arrête de lui faire les yeux doux, tu veux ? » La phrase cingle l'air.
«
Je croyais que tu le détestais ? »
«
C'est le cas. »
«
Alors, quel est le problème ? »
NB : de meilleures amies, elles sont passées ennemies.